Je m’appelle Dreknor, drek comme drekki (mot norrois désignant un dragon) et nor comme Normandie, le pays qui m’a donné le jour. Mon histoire commence à l’automne 1999 quand la Tchaïka « Presviata Pokrova », une réplique de galère cosaque du XVe siècle bordée à clin, entre dans le port de Cherbourg, sous le regard intrigué de Marc et Nathalie Hersent. Quelques mois plus tard, au cœur de l’été 2000, nos deux Cherbourgeois, dont Nathalie, laquelle n’a pas oublié ses racines ukrainiennes, qui ont tous deux, entre temps, eu l’occasion de séjourner à bord dudit navire et de se lier d’amitié avec les membres de l’équipage, décident de se lancer, à leur tour, dans une incroyable aventure : construire un bateau - « le plus beau » comme dira Marc - représentatif de l’histoire et du patrimoine maritime dont la Normandie est issue. C’est alors que commence un rêve fou dont je vous livre, ici, le récit.
Après avoir compulsé de nombreux ouvrages, parcouru une impressionnante masse de documents, Nathalie et Marc jettent finalement leur dévolu sur un bateau, mais pas n’importe lequel : un bateau scandinave datant du haut Moyen Age. « La construction d’un drakkar s’est imposée rapidement comme un vecteur incroyable pour faire ressurgir le passé des Vikings, nos lointains ancêtres, un passé vieux de plus de mille ans. Ce navire aurait pu faire partie de ceux qui ont accosté en Normandie aux IX et X siècles » comme l’expliquera plus tard Nathalie.
Le bateau d’Oseberg et le langskip de Gokstad, deux des trois navires exposés au musée Viking d’Oslo, retiennent leur attention. Malgré les précieux conseils obtenus auprès de spécialistes, parmi lesquels Max Vinner et Arne Emil Christensen des musées de Roskilde au Danemark, et d’Oslo en Norvège, malgré les plans en leur possession, Nathalie et Marc ne parviennent toujours pas à arrêter leur choix. C’est finalement à l’occasion d’un séjour en Norvège, au cours duquel ils nouent des relations et découvrent, avec étonnement, le Gaïa, une réplique du Gokstad construite en 1991 à proximité de Bergen, que Nathalie et Marc trouveront la réponse qu’ils cherchent désespérément depuis des mois. Après avoir longtemps hésité entre l’Oseberg, à la structure élancée, à l’étrave et aux bordages finement sculptés, et le Gokstad à l’allure imposante et majestueuse, c’est finalement ce dernier qui remporte leurs suffrages. Si la quille, l’étrave, l’étambot, les membrures et les bordées seront, comme l’original, constitués de pièces en bois de chêne, Nathalie et Marc se réservent, néanmoins, la possibilité d’ajouter à leur future réplique des éléments de décoration semblables à ceux de l’Oseberg.
LE BATEAU D’OSEBERG
Visible au musée d’Oslo, abrité sous le même toit que le langskip de Gokstad et le karv de Tune, l’Oseberg, navire Viking construit en Norvège vers l’an 820, a été découvert en 1904, sous un tumulus servant de sépulture à une femme vraisemblablement de lignée royale (selon certaines hypothèses la reine Åsa, mère de Halfdan III de Vestfold dit ‘le noir ») , dans la région de Tønsberg par les archéologues Gabriel Gustafson et Haakon Shetelig.
Ce navire d’apparence frêle, aux formes élancées, destiné à la navigation hauturière, pourvu d’une étrave finement sculptée, long de 22 mètres sur 5 mètres de large, et d’une coque principalement constituée de planches en chêne montées à clin, pouvait accueillir jusqu’à trente rameurs. Egalement propulsé par une unique voile carrée d’une surface avoisinant 90 m², l’Oseberg pouvait atteindre une vitesse d’environ 10 nœuds.
LE LANGSKIP DE GOKSTAD
Navire de combat, apte à affronter les mers et les océans, comme le démontreront une réplique réalisée à la fin du 19ème siècle exposée en 1893 à la World’s Columbian Exposition de Chicago et plus récemment le Gaïa, le Gokstad, de la famille des langskips (bateaux longs) , construit vers l’an 890, a été découvert en Norvège, en 1880, par Nicolay Nicolaysen, sous un tumulus d’argile bleue servant de sépulture à un haut dignitaire Viking (probablement Olaf Geirstad-Alf, roi de Vestfold) dans la région de Sandefjord, avec à son bord trois petits bateaux, une tente, un traîneau et un harnais de cheval.
Navire monté à clin, bien moins ouvragé mais plus large et plus imposant que l’Oseberg, le Gokstad, long de 23,50 mètres sur 5,20 mètres de large, propulsé par 32 rameurs ou une voile d’une surface de 120 m², pouvait atteindre une vitesse de vitesse d’environ 12 nœuds contre 5 à la rame. Malgré son imposante stature, son faible tirant d’eau de 0,90m l’autorisait à remonter les cours d’eau sur de longues distances, avec une aisance remarquable. >>> Lire la Suite
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