Caen, le vendredi 26 septembre 2008 - Il fait encore nuit quand Marc et Louis arrivent sur le Dreknor amarré aux pontons du port de Ouistreham. Au petit matin, notre équipage réduit à sa plus simple expression, accompagné de Jacky et de son épouse qui hébergent nos deux navigateurs, est fin prêt à appareiller. A 9 heures 30 précises, afin de profiter de la première ouverture du pont de Bénouville, le Dreknor sort du port et s’engage sur le canal de Caen à la mer. Le léger brouillard matinal qui baignait jusqu’alors les berges du canal s’estompe peu à peu découvrant un ciel bleu et limpide. La journée s’annonce belle et chaude : un vrai temps de curé.
Salué par quelques pêcheurs matinaux, le Dreknor progresse à vive allure. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le viaduc de Caen est en vue. Un brin cabot de par sa célébrité naissante, le Dreknor se permet quelques ronds dans l’eau, histoire de parader devant la caméra de Pascal en embuscade sur la berge. En fin de matinée, l’entrée dans le bassin Saint Pierre est une formalité quand bien même la place manque pour la manoeuvre. Qu’à cela ne tienne, un demi tour sur place et le Dreknor s’amarre, comme à la parade, devant le Pavillon de Normandie. En attendant l’arrivée de Nathalie et de ses invités de marque, prévue en fin d’après-midi, Marc et Louis occupent leur temps à bichonner le navire.
Contrairement aux autres jours, ce vendredi est un jour particulier. Aujourd’hui, l’association toute entière se retrouve propulsée sur le devant de la scène, sous les projecteurs du monde de la communication et de l’audiovisuel. En effet, alors que le Dreknor rejoint paisiblement le port de Caen, Nathalie et Pascal, le réalisateur de la Série « Dreknor présente : Histoire de Normands », s’apprêtent , de leur côté, à rencontrer le directeur de Normandie TV. Après une courte pause, la journée de Nathalie se poursuit dans les locaux de Caen Communication devant un auditoire composé de plusieurs centaines d’entrepreneurs normands pour se terminer par un cocktail puis une visite commentée du Dreknor.
Caen, le samedi 27 septembre 2008 - Mis à la mer en mai dernier, le Dreknor s’est en peu de mois taillé une solide renommée qui, depuis, a largement dépassé nos frontières. Guillaume le Conquérant ayant fait construire la plupart des châteaux d’Angleterre en pierre de Caen, dont la célèbre tour de Londres, une équipe de la BBC n’a pas hésité à traverser le Chenal avec la ferme intention de réaliser un documentaire, à bord du Dreknor, pour la Série « Coast » retraçant en images la fabuleuse histoire de ces pierres venues jadis de Normandie.
Ciel d’azur et doux soleil d’automne se sont donné rendez-vous au dessus de la cité ducale pour célébrer ce dernier week-end de septembre. Amarré dans le bassin Saint Pierre de Caen face au Pavillon de Normandie, le Dreknor, après avoir reçu le matin la visite des « Drakkars » du Hockey Club de Caen, attend patiemment l’arrivée de l’équipe de tournage de la BBC2.
En tout début d’après-midi, alors que Marc et Louis terminent de hisser les pavillons sur les drisses arrières du Dreknor, le quai jusqu’alors désert connaît soudainement une affluence inhabituelle. Au milieu d’un public venu nombreux, l’équipe de tournage, fraîchement arrivée, effectue ses premières prises de vue.
Heure d’ouverture de pont oblige, à 14 heures 30 précises, le Dreknor appareille en direction du canal de l’Orne. Au milieu de l’équipe de tournage, le présentateur de l’émission Mark Horton, par ailleurs spécialiste en archéologie maritime et enseignant à l’Université de Bristol, commence ses interviews.
Toute voile dehors, remontant le cours de l’Histoire, celle scellée entre la Normandie et l’Angleterre un certain 14 octobre 1066 près du village de Hastings, le Dreknor et son équipage vont pendant trois heures vivre à l’heure anglo-normande. A quelques encablures du célèbre Pegasus Bridge, où résonnent encore le son de la cornemuse de Bill Millin et de son historique « Blue bonnets over the border », prises de vues et interviews se succèdent ponctués, ça et là, par les interventions remarquées de Pamela Marshall, brillante archéologue de la Faculté de Nottingham, spécialiste des châteaux médiévaux qui, à cette occasion, représentait l’association « Château Gaillard ».
En fin d’après-midi, faute de temps suffisant pour regagner Caen avant la fermeture du pont du bassin Saint Pierre, le Dreknor reprend sa course vers la mer pour finalement faire escale à Blainville sur Orne. Tout au long du parcours, un public nombreux , tout aussi enthousiaste que celui qui le 14 juillet dernier saluait le Dreknor lors de la descente de la Seine de Rouen à Honfleur, nous adresse des signes amicaux . A Blainville, une surprise nous attend. Alors que l’équipe de la BBC, qui ne tarit d’éloges sur le navire, s’apprête à prendre congé pour rejoindre le phare de Gatteville au pied duquel elle doit tourner toute la journée de dimanche, l’équipage du Dreknor est accueilli à bras ouverts par la Municipalité. Le premier contact établi, c’est tout aussi chaleureusement qu’elle nous conviera à participer, le lendemain, à la fête du canal avec le Dreknor pour invité d’honneur.
Blainville sur Orne , le dimanche 28 septembre 2008 - Ce matin, l’équipage du Dreknor s’est octroyé un semblant de grasse matinée car, une fois encore, la journée qui s’annonce risque d’être particulièrement animée. A 11 heures précises, suivis de près par Nathalie, Marc et Louis sont déjà à pied d’oeuvre. Quelques minutes plus tard, accueillis par une marche écossaise et un « C’est à Cherbourg » interprété sur un air d’accordéon par Olivier Denis, un musicien de la voile traditionnelle originaire de Dives-sur-Mer, les élus de Blainville montent à bord pour une présentation du navire.
« Par ma foi, j’donnerais bien cent sous pour passer la nuit avec vous » dit la chanson. Si de nuit à bord il ne fût pas question , les élus blainvillais, Maire en tête, n’hésitèrent pas, par contre, à se lancer le défi de manoeuvrer le Dreknor à la rame. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le temps d’un repas sous chapiteau, animé de belle manière par des chants de marin et des chansons de toujours, tout le monde se retrouve à bord. L’ambiance est bon enfant. La fête bat son plein. La foule se presse le long du canal tant il est vrai qu’un drakkar naviguant sur le canal, qui plus est avec le maire de la commune au banc de nage, ça tient de l’événement. Au rythme des « Go ! » et des « Levez ! », le Dreknor, jusque là immobile, se met soudainement à glisser, lentement mais sûrement, sur l’eau. A bord, c’est une explosion de joie. On rit. On se congratule. Pari tenu !
Le Dreknor de retour à l’embarcadère , les promenades peuvent commencer. A Blainville, comme à Rouen, c’est un public conquis, fier et enthousiaste, qui patiente entretenant le secret espoir de pouvoir naviguer ne serait que l’espace d’une seconde à bord du Dreknor. Malgré tous nos efforts, malgré toute notre bonne volonté, tous n’auront pas cette chance. Ce n’est que partie remise. Nous reviendrons.
L’après-midi touche à sa fin. Les premières lumières de la fête s’allument. Il nous faut à présent penser à prendre congé et regagner les pontons du port de Ouistreham. Dans un concert de cornes de brume et sous les applaudissements du public, le Dreknor, escorté de vieux gréements , reprend sa route vers la mer.
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